lundi 15 novembre 2010

De Droite à Gauche




Je pense que vous avez observé que le parcours politique des différents hommes s’intéressant de près ou de loin à la chose publique va en majeure partie de la gauche vers la droite. On pourrait dire que c’est la voie normale d’ascension vers la maturité, ou encore, de manière plus abrupte, un certain affadissement des idées vers ce qu’on nomme la sagesse, lorsqu’on veut être aimable, et le renoncement aux générosités de jeunesse dans la douceur du confort enfin atteint si l’on veut parler vrai.
Les exemples sont légions de Doriot à Besson en passant par Chirac et tous les ex Maos qui peuplent nos écrans et nous inondent de leur prose définitivement assagie et souvent étonnement complaisante avec la lente et persistante régression sociale que nous vivons actuellement .
Mais il y a des exceptions qui optent pour le parcours inverse, qui ne prennent pas la même route qu’eux ce qui a le don de les irriter profondément. Non les braves gens n’aiment pas qu’on prenne une autre route…!
Il y a deux exemples célèbres et qui curieusement furent les plus prestigieux Présidents de notre cinquième république. Je veux parler de De Gaulle et de Mitterrand, tous les deux sont partis l’un de Maurras, l’autre d’un temps de collaboration avec le gouvernement de Vichy pour arriver tous les deux à gouverner avec le Parti Communiste. Etonnant non ?
Ce serait trop facile de dire qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, car cette maxime est réversible, et de plus semblerait faire croire que ceux qui, en dépit de tout, conservent leur penchant à gauche, ne sont que des ignares aveugles à ce qui se passe autour d’eux : la droitisation générale du monde actuel. Le panurgisme est aussi une règle non écrite de la politique dite moderne : nous sommes les seuls à penser cela donc nous sommes dans l’erreur !
On ne cesse de reprocher à François Mitterrand, à la fois son parcours vichyssois et son passage au ministère de l’intérieur et de la justice sous les différents gouvernement de la quatrième République avec, récemment, la découverte qui n’en était pas une, de la condamnation à mort de quarante indépendantistes algériens alors qu’il était garde des sceaux.
Oubliant au passage que celui-ci quitta le gouvernement de Vichy pour entrer dans la résistance et qu’au ministère de la justice il fît moins, bien qu’ encore trop, que son prédécesseur en 1945 lors des massacres de Sétif qui firent au bas mot plus de 20.000 morts algériens.
Quant au Général en prenant un parcours de gauche lors de la libération, gouvernant avec les communistes , il nous évita une guerre civile : les américains voulant empêcher à tout prix que la France tombe dans la sphère communiste avaient pour ce faire préparer la nomination d’un " Gauleiter" et la mise sous tutelle de notre pays. Imaginez ce qu’aurait été la réaction des FTP et d’une partie des FFI encore armés à l’époque face à un gouvernement yankee. Nous avons échappé de peu à "Ridgway la peste" grâce au grand Charles.
Certains diront que pour mieux les étouffer il n’y avait rien de mieux à faire que de les prendre avec soi dans l’équipe gouvernementale. Mais il ne faut quand même pas oublier les lois sociales promulguées lors de la libération, les mêmes que l’on essaye maintenant de supprimer.
Sous Mitterrand en 1981 avec le programme commun on poursuivit ses avancées sociales : retraite à 60 ans, lois syndicales, suppression de la peine de mort etc…
Ainsi ce qui caractérise ses deux éminents chefs d’Etat, c’est un pragmatisme éclairé : De Gaulle n’hésitant pas à aller à l’encontre du "Je vous ai compris" lancé au balcon du GG à Alger en négociant avec le FLN.
Mitterrand , en 82, n’hésitant pas à se séparer de Maurois afin d’entamer un virage serré vers une économie plus saine. Les deux faisant ensuite front crânement face à leurs nombreux déçus.


Dans quelques mois nous irons aux urnes pour l’élection d’un Président, quel choix ?
Voter en fonction de promesses électorales c’est à coup sûr aller vers une désillusion bien connue ; seule la confiance dans un homme pragmatique capable de gouverner selon les aléas de la conjoncture devrait guider notre choix.
La France est majoritairement à droite, seule la division de la droite ou une présidence particulièrement mauvaise peut faire gagner la gauche. Mais celle-ci ne peut gouverner valablement sans consensus, sans toutefois aller jusqu’à un gouvernement de coalition comme c’est le cas outre Rhin, on peut trouver un homme ayant à la fois l’aval d’une large partie de la gauche et du centre et sans rejet profond de la droite.
En ces temps difficiles il faut jouer l’efficacité.
Donc un homme pragmatique, de centre gauche, avec une aura internationale, et pour qui les problèmes économiques n’ont pas de secret, inutile de le nommer vous l’avez reconnu.
Reste une inconnue, en a-t-il le désir ?


Après Mendés et Delors ne passant pas à nouveau à coté d’un homme en capacité de redresser le pays.

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