lundi 12 octobre 2009

Moderne servage


 
 
24 salariés de France Telecom se sont donnés la mort avec pour cause les conditions de travail suite à la privatisation de l'entreprise. Les mauvaises conditions de travail dans les entreprises françaises (celles que je connais) ne sont pas nouvelles.
Dans les années septantes, alors en entreprise d’électronique, j’ai connu des employées atteintes d’asthme dues aux fumées des bacs à souder sans aspiration, qui étaient systématiquement sollicitées par le médecin du travail d’aller travailler ailleurs, l’ "atmosphère" de l’atelier ne convenant pas à leur pré disposition à avoir de l’asthme (sic). Bien évidemment en changeant d’entreprise, celles-ci, avant la crise de 74, perdaient tous les avantages acquis : ancienneté, avancement et autres.
Il fallu l’hospitalisation de l’une d’entre elles pour alerter un jeune interne qui convoqua le médecin du travail. L’hôpital résonne encore de leur algarade.
Ceci déclencha une enquête de l’inspection du travail un autre incident grave s’étant produit : doigts écrasés sous une presse. Le délégué syndical alerta la caisse d’assurance maladie qui en l’occurrence fût plus efficace que l’inspection du travail en relevant dans l’immédiat les cotisations maladie de l’entreprise.
Pour la petite histoire le médecin du travail que nous n’avions jamais vu dans les ateliers, dut accompagner l’inspectrice du travail dans son contrôle, il en fît une dépression à la suite !
Il faut savoir que dans notre pays le médecin du travail est choisi et rétribué par l’entreprise, c’est dire son indépendance.
Étant alors délégué syndical je dus en cachette porter à la CRAM le produit incriminé pour analyse, la Direction ayant décrété subitement ce produit secret de fabrication !
Je pourrai également vous parler des cadences régulièrement augmentées qui faisaient qu’au de là de trente ans aucune femme ne pouvait attraper le rythme de la chaîne de fabrication.
Mais la grande différence avec l’époque actuelle est la difficulté qu’ont maintenant les chômeurs sans qualification à retrouver un travail, ce qui augmente considérablement le stress et permet ainsi aux dirigeants d’exiger toujours plus à de personnes tremblant de peur de perdre leur emploi.
Dans ces années là on se battait pour des augmentations de salaire, pour la survie de l’entreprise, maintenant le combat se résume à lutter pour l’importance de la prime de licenciement.
La conjoncture a fait baissé les bras à plus d’un, syndicats compris qui sont tombés dans le piège de la concertation quand ce n’est pas celui de la compromission.
Les travailleurs des années 70 avaient des échappatoires, des solutions de remplacement, l’espoir de retrouver un job. Actuellement ils n’ont plus que celui de la résignation. Ainsi le patronat français qui demeure le plus archaïque qui soit, n’a plus besoin de contraindre, la conjoncture externe lui facilite le travail, il en use donc et en abuse. De plus, Pilates modernes, ils s’en lavent les mains, ce n’est pas de leur faute, c’est la crise, la mondialisation, l’Europe, la concurrence, les 35h, et que sais-je encore.
Irresponsabilité à tous les échelons, plus besoin des petits chefs dénoncés en 68, ceux-ci compatissent avec leurs subordonnés ils sont dans la tempête sur le même radeau. Du haut en bas de l’échelle, de l’ingénieur au simple exécutant tout le monde est traité de la même façon dans l’indifférence et le mépris de la personne. Seules comptent les dividendes à verser aux actionnaires. Ceci devrait susciter les solidarités cela ne fait que renforcer l’individualisme.
En 70 on se battait solidairement pour la survie de l’entreprise, actuellement on se renferme seule dans son coin, remuant dans sa tête ses problèmes incapables de les partager avec les camarades , quand ce n’est pas la lutte contre le copain pour garder une place.
Un Directeur que j’ai connu avait pour devise " Pour diriger il faut opposer les subordonnés cela les stimulent " (resic). Ce dirigeant était visionnaire car sa devise est désormais mondialement appliquée !
Quarante ans après le patronat français n’a apparemment pas changé d’attitude.
La France est la championne de la productivité mais à quel prix. Celle-ci peut encore croître avec ses dégâts inhérents sans pour autant rattraper le dumping salarial des pays de l’est européens et encore moins celui de la Chine industrieuse.
Je me désole d’avoir toujours à dénoncer l’exploitation de l’homme par l’homme avec en plus la lâcheté des dirigeants reportant la responsabilité de cette exploitation toujours plus haut toujours plus loin dans les nuées de l’infini asymptotique: lieu de retombée de la manne capitaliste trouvant refuge dans le secret des îles tropicales.
Car dans ce monde moderne seul le fric peut librement circuler.

Travailleurs de tous les pays unissez-vous! Unis vous n’aurez plus à combattre, les profiteurs exploitants seront désarmés!

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